• Chapitre 171:

    Inquiet, Sam se rongeait les ongles. On les avait vus, Eden et lui, à la fête d'anniversaire. Et William en avait été informé. Pourquoi n'avait-il pas le droit de s'amuser avec n'importe qui ? Il s'en fichait, lui, qu'elle soit une descendante de Merlin ! Ca ne voulait rien dire, de toute façon. C’était une sorcière, tout comme lui.  Mais on lui en avait porté préjudice. Ils l'avaient attendu, un soir, après l'école, et il en était ressorti avec un oeil au beurre noir. A sa mère il avait dit qu'il s'était pris un ballon de basket au visage. Il n'était pas sûr d'avoir été cru. Sans doute se doutait-elle de quelque chose, sa mère avait un don pour tout voir, pour deviner toutes paroles sans avoir à entendre le moindre mot.  Il ne savait plus quoi faire. Il voulait continuer à voir la fillette, car il l'aimait bien, mais il ne pouvait continuer ainsi. Il y avait trop de menaces. Il risquait beaucoup. Beaucoup trop. Et ça ne valait peut-être pas le coup.

    - Désolé Eden, murmura-t-il, tout en prenant la décision de ne plus la voir, pour leur bien à tous.

     

    Eden se rendit à l'école comme tous les matins, un léger sourire aux lèvres. Elle allait revoir comme toujours Samiael à la pause, ils se retrouvaient sur le toit pour discuter ou jouer selon leur humeur et pour cela... Elle lui en était reconnaissante, elle n'avait pas vraiment réussi à se faire des amis, son physique, ses cheveux et ses yeux perturbaient la plupart des enfants. Lorsque la sonnerie, libératrice sonnait, elle alla très vite sur le toit et attendit... Elle attendit longtemps mais... Samiael ne vint pas. Elle en fut surprise mais pas vraiment inquiète, il avait peut-être quelque chose à faire et avec la bande de William, s'était compliqué qu'ils puissent se prévenir. Cependant... ce fut ainsi pendant toute la semaine, il ne venait jamais et cela attrista la petite fille qui aurait aimé se confier à celui qu'elle considérait comme son meilleur ami à propos de sa cousine. Elle avait été mordue par un loup-garou et la détestait à présent. Ce qui lui avait fait beaucoup de mal. C'est pourquoi, le vendredi soir, elle alla sur l'ordinateur de la bibliothèque et se connecta à son compte Skype avant d'envoyer un message à Samiael.

    "Pourquoi tu ne viens plus... ?"

     

    Le son du message fit sursauter Sam, qui commençait à s'endormir. Sa mère lui avait prêté son ordinateur pour qu'il puisse regarder un film, mais ce dernier était loin d'être aussi intéressant qu'il n'avait paru aux premiers abords.

    C'était un message Skype, et comme il le craignait, il provenait d'Eden. Il avait passé la semaine à l'éviter, et à ne plus aller au rendez-vous quotidien sur le toit, à contrecœur. Parler à la jeune fille lui manquait, mais il devait se tenir à sa triste décision. Ils ne pouvaient plus continuer à se voir, c'était bien trop dangereux, ils étaient nés dans deux clans trop différents pour que leur amitié puisse survivre.

    "Je n'ai pas envie d'avoir une descendante de Merlin comme amie. Désolé."

    Il aimerait tellement lui dire la vérité, lui dire qu'il s'en fichait, qu'elle soit une merlinoise, qu'il voulait toujours être son ami, qu'il voulait venir, mais s’il lui disait la vérité, elle voudrait sans doute tout tenter, malgré les risques. Et il ne pouvait se le permettre. Son œil lui faisait encore mal. Au moins, s'il était méchant avec elle, elle n'aurait plus envie d'être son amie, et ce serait plus simple à accepter pour elle.

    Cependant, il considéra de nombreuses secondes la touche "entrée". Une fois envoyé, il ne pourrait revenir en arrière.

    Il ferma les yeux, et écrasa la touche. Puis il ferma violemment l'ordinateur portable, le rendit à sa mère, avant d'aller se cloitrer dans sa chambre, incapable de rester pour voir la réponse.

    Eden sentit les larmes lui brûler les yeux en voyant le message de Sam. Ainsi, les rumeurs qu'elle avait entendues étaient fondées. Elle inspira avant d'écrire sa réponse.

    "Je vois. Merci d'avoir été mon ami pour ces quelques années. J'ai été idiote de penser qu'on pouvait passer au-dessus de ça. Je me suis trompée apparemment. Une bonne continuation à toi."

    Elle envoya son message avant d'éteindre l'ordinateur puis d'aller dans sa chambre. Elle se laissa tomber sur lit et... pleura. Elle aurait dû s'en douter, son grand frère l'avait toujours mis en garde, les morganiens n'étaient que menteurs et manipulateurs ! Pourtant, il lui avait semblé différent ! Il avait été gentil avec elle alors que tout le monde l'évitait. Elle entendit sa porte s'ouvrit mais ne bougea pas voulant faire semblant de dormir.... Sauf qu'elle ne trompa pas son frère.

    - Eden... dit Ruben en refermant la porte et s'asseyant près d'elle. Il savait que sa petite sœur vivait mal ce qui se passait à la maison en ce moment... et avait deviné qu'elle avait perdu son seul ami. Viens-là... dit-il en s'asseyant et serrant sa petite sœur contre lui avant de lui parler pour la réconforter jusqu'à ce qu'elle finisse par s'endormir épuiser.

     

    Le lendemain, il attendait la sortie des cours, il vit sa sœur passée et courir vers lui avant de lui sauter dans les bras. Il avait tenu sa promesse ! Il était venu la chercher !

    - Tiens, va dans la voiture, j'arrive je dois parler avec quelqu'un.

    - D'accord... dit Eden un peu surprise.

    Il attendit que sa petite sœur soit dans la voiture avant de fouiller la foule, cherchant Samiael des yeux. Il savait à quoi il ressemblait, il avait fouillé dans la mémoire de sa sœur pendant qu'elle dormait pour le trouver.

    - Samiael ? dit-il en voyant le garçon passé près de lui.

    Le garçon s'arrêta en entendant son prénom. C'était peu courant qu'on utilise son nom complet, il ne savait pas qui cherchait à lui parler. Il considéra quelques secondes l'idée de partir en courant, mais il décida de se retourner.

    - Oui ?

    C'était un garçon, plus âgé et son cœur rata un battement quand il se rendit compte qu'il ressemblait un peu à Eden. Il y avait quelque chose dans son visage qui lui rappelait son ancienne amie, et ces yeux, d'un bleu qui tendait vers le violet, personne d'autre ne les avaient.

    - On peut parler ? dit-il légèrement froid. Il voulait comprendre pourquoi ce gamin qu'il ne ressentait pas comme ayant totalement une énergie morganienne s'était comporté comme un connard avec sa petite sœur.

    - Euh... oui ? répondit l'enfant avec une hésitation.

    L'autre ne semblait vraiment pas content, et Sam craignait qu'on ne le frappe encore. Il en avait assez d'être le bouc émissaire de tout le monde, tout semblait toujours lui retomber dessus.

    Ruben l’entraina un peu à l'écart avant de se tourner et de lui demander bras croisé.

    -Je suis Ruben. Pourquoi tu t'es comporté comme un salaud avec ma sœur ?

    C'est donc le frère d'Eden. Il aurait dû s'en douter, que ça lui retomberait dessus. Comme d'habitude.

    - Ta sœur ? dit-il en faisant mine de ne pas comprendre de qui il parle.

    - Fait pas semblant avec moi. Eden. Pourquoi tu as profité d'elle ? De l'amitié qu'elle t'offrait pour au final la laisser tomber lorsqu'elle a le plus besoin d'un ami ? Il était en colère, même s'il cherchait à ne pas trop le montrer pour le pas effrayé le gamin, il était aussi jeune d'Eden au final. Il ne cherchait pas à l'accablé mais à le comprendre.

    Le cœur du garçon battait vite. Il devait réfléchir rapidement, et prendre une nouvelle décision, qui ne mettrait en danger personne. Il pouvait faire le sans-coeur, lui dire qu'il était un morganien et que l'amitié d'une merlinoise ne lui importait que peu. Mais l'idée de révéler la vérité lui traversa l'esprit. Histoire de préserver un peu ce que Samiael était réellement. Afin de ne pas trop sombrer dans le rôle dans lequel il était en train de s'enfermer.

    - Je veux bien te dire la vérité. Mais tu dois me promettre, commença le garçon avec une voix faible et tremblante, trahissant son envie de pleurer ; que tu ne diras rien à personne, même pas à Eden. Sinon, je ne dirai rien, et je rentrerai chez moi.

     

    Ruben fronça les sourcils avant d'hocher la tête. Que pouvait bien lui cacher ce gamin qui soit si important qu'il ne devait le dire à personne ?

    - Je ne dirais rien, promit-il mais en fonction de ta réponse tu devrais me promettre quelque chose en retour, dit-il.

    - Promettre quoi ? demanda Sam, curieux

    - Réponds moi d'abord, tout dépendra de ta réponse, dit Ruben avec un sourire mystérieux. Ce gamin avait réussi à piquer sa curiosité mais il ne lui dirait rien de ce qu'il savait avant d'être sûr de ce qu'il avait vu dans l'avenir.

    Sam prit une longue inspiration, avant de commencer :

    - j'ai dit à Eden que je ne voulais plus être son ami parce que je ne voulais pas être ami avec une merlinoise, mais c'est pas vraiment vrai. Ce sont les autres de mon clan, qui ne veulent pas, et ils me menacent, et ils la menacent aussi. Je voulais pas être méchant avec elle, je voudrais bien être son ami, moi, mais c'est trop dangereux. Ils m'ont frappé, et ils allaient la frapper aussi, si ça continuait...

    Il s'arrêta quelques secondes, refoula les larmes qui lui venaient aux yeux.

    - Mais tu dois rien lui dire ! reprit-il soudainement, réalisant qu'il avait vraiment tout dit. Si elle croit que je suis méchant, elle restera loin de moi, et c'est mieux pour elle !

    Ruben s'accroupit au près du petit garçon

    - Hey... pleure pas. T'es pas totalement morganien pas vrai ? dit-il, en posant une main sur l'épaule du petit garçon, ce que tu fais es très courageux tu sais ? Promis je ne lui dirais rien, mais je vais te demander quelque chose d'encore plus difficile. C'est d'être là pour elle lorsque moi je ne le serais plus... Samedi après-midi, vers 14h, il faudra que tu sois dans le parc en face de ma maison. Tu sais où elle est n'est-ce pas ?

    C'était un fait connu, la maison des Myrdyr occupait la place de l'ancienne mairie et était une grande bâtisse imposante. Il le regarda.

    - Est-ce que tu veux que je t'aide avec les morganiens ? lui proposa-t-il. Certes, il était en colère, mais plus encore que ces derniers fassent chanter un gamin pour une simple histoire d'amitié. C'était stupide ! Sam sécha tant bien que mal ses larmes et releva la tête vers le frère de son amie. Il était content d'avoir pu dire la vérité, il se sentait un petit peu libéré désormais.

    Il hocha la tête quand il lui demanda d'être là le samedi après-midi, curieux. Il se demandait bien ce qu'il lui voulait...

    - Non ! s'écria-t-il quand il lui proposa de l'aider avec les morganiens. Non, parce que si tu interviens, ils sauront que je t'ai parlé, et ils ne doivent rien savoir, tu as promis.

    - Je dirais rien. J’ai promis et les chasseurs-nés ne peuvent pas rompre leur promesse. Tu ne peux donc pas rompre la tienne, dit Ruben. Il regarda le gamin. Il avait un sacré potentiel ce petit. Mais il sentait que deux sangs coulaient dans ses veines n’était pas purement morganiens et que ces derniers n’accepteraient jamais de le laisser occuper le poste qu'il devrait avoir.

    Les battements du cœur de l'enfant se firent plus calmes, le stress accumulé redescendait enfin. Il était tellement heureux, d'avoir pu se confier et qu'on le comprenne. Ca ne règlerait pas tous les problèmes qu'il avait, loin de là, mais ça les rendait beaucoup plus supportables.

    - Je vais devoir y aller, ma maman m'attend, je crois, dit-il néanmoins en guettant du coin de l'œil l'entrée de l'école.

    Ruben hocha la tête,

    - Petit... Tu sais que tu es un chasseur-né ? demanda-t-il en voyant qu'il ne réagissait pas au sous-entendu qu'il avait fait.

    Sam fronça les sourcils, perplexe. Il avait déjà entendu parler des chasseurs-nés, ils étaient comme la police, qui s'occupaient de la sécurité, mais ils étaient de grands sorciers, puissants et avec de l'autorité, loin de ce qu'il était, lui, avec ses faibles pouvoirs et sa voix si faible qu'il ne pourrait faire peur à personne.

    - Moi ? fut tout ce qu'il trouva à répondre, toujours en jetant de furtifs coups d'œil à l'entrée, pour vérifier si sa mère arrivait.

    Ruben hocha la tête

    - Oui, et tu deviendras un puissant chasseur jeune homme, dit-il avec un sourire, tu dois simplement... t'éveiller, dit-il avec mystère avant de le raccompagner jusque l'entrée.

     

    Clara était là, et quand elle aperçut son fils, elle lui fit signe pour lui montrer où elle était. Sam avait la tête remplie de questions à propos des chasseurs-nés, il voulait en savoir plus, il se demandait comment il pouvait lui-même en être un, mais la conversation avec le frère d'Eden était terminée pour aujourd'hui. Il devrait attendre samedi après-midi, quand ils se retrouveraient pour leur rendez-vous mystérieux. Il lui expliquerait sans doute tout à ce moment-là. C'était pour ça qu'il lui avait donné rendez-vous, pas vrai ?

    Ruben salua le gamin avant de retourner à sa voiture rejoignant sa sœur qui sourit en le voyant enfin arriver

    - T'étais long ! Tu faisais quoi ?

    - Rien d'important t'inquiète pas p'tit ange, on rentre ? Maman a préparé des cupcakes.

    - Vite alors ! Sinon papa va tout manger ! s’exclama la fillette en tapant dans ses mains avec enthousiasme.

    Ruben rit avant de démarrer la voiture et de rentrer chez eux.

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  • Commentaires

    1
    Mardi 10 Décembre 2019 à 21:38

    Pauvre pitchoune ;-;

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