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    Eden tenait son neveu par la main. Elle tentait de retenir le petit Saül qui voulait absolument courir pour rejoindre au plus vite le parc. Sauf qu'Eden le lui avait formellement interdit et ce qu'Eden lui interdisait, Saül le respectait. Il adorait sa tante, elle était un peu comme une maman pour lui depuis le départ de sa vraie mère tout comme sa mamie et son papy ainsi que son oncle. Ils étaient la seule famille qu'il connaîtrait jamais et les adorait, du haut de ses cinq ans et demi, il avait bien compris qu'il était différent des autres enfants de son âge : il était à la fois sorcier et loup. Mais il ne comprenait pas encore pourquoi cela lui attirerait des ennuis, pourquoi il serait regardé avec horreur, avant tout par son mélange racial que par le fait qu'il soit le fruit de deux cousins, que le destin avait liés comme âme-sœur.

     

    Après encore quelques instants de marche, ils arrivèrent enfin au parc, et le bambin poussa des cris de joie, Eden lui lâcha la main et le regarda courir en direction du bac à sable. Elle s'installa sur un des bancs et l'observa, tout en zieutant son téléphone. Elle attendait des nouvelles de Samiael, elle ne l'avait pas vu depuis quelques temps maintenant, mais espérait pouvoir le voir aujourd'hui, seulement elle n'avait pas d'accusé réception comme quoi il avait lu son message. Elle s'inquiéta, et si... s'ils avaient été découvert ? Elle se mordilla la lèvre inquiète avant de soudain entendre Saül se mettre à pleurer. Elle leva les yeux et alarmé chercha l'enfant du regard.

    - Saül ? L'appela-t-elle, mais elle n'eut que des pleurs en réponse, se fiant à ses sens elle courut en direction de la présence de son neveu et se figea en voyant le genou écorché du bambin... mais surtout William et sa bande.

    Son sang ne fit qu'un tour, et lentement ses yeux commencèrent à changer de couleurs tout comme ses cheveux, lentement la clarté de ses derniers se faisait grignoter par le violet.

    - Laisse-le tranquille William...! Lance-t-elle d'une voix beaucoup plus froide qu'à l'ordinaire. S'il y a bien une chose qui lui fait perdre instantanément son calme c'est que l'on s'en prenne à son neveu.

    - Pourquoi ? C'est un bâtard d'hybride. Il devrait être mort avant même d'avoir vu le jour, crache-t-il.

    Eden serra les poings. Il allait payer. Payer pour tout. L'air vibrait autour d'eux, d'électricités, de puissance mais surtout de pouvoir, dangereux, enivrant, la puissance était effrayante.

     

     

    Juste avant que son portable ne meure, Samiael avait reçu un message de la part d'Eden, lui demandait de la retrouver au parc, pour qu'ils se voient un peu. Ca faisait par mal de temps qu'ils ne s'étaient pas vus, et Sam se réjouissait de la voir à nouveau. Il espérait la trouver rapidement et simplement, car il n'avait aucun moyen de la joindre.

    Il arriva au parc quelques minutes plus tard, et il se dirigea vers les jeux d'enfants. Son amie était accompagnée de son neveu, elle serait forcément là-bas.

     

    Ce fut la puissance qu'il sentit en premier. Cette puissance sombre et violette, qui vint le frapper en plein cœur. Il la reconnaissait entre mille. C'était celle d'Eden quand elle devenait... eh bien, quand elle n'était plus elle-même. Il se souvenait de la première fois qu'il avait sentit une telle puissance de sa part. Il n'osait même pas se rappeler des conséquences. Il accéléra le pas, cherchant partout son amie. Il fallait qu'il la trouve avant qu'il ne se produise quelque chose de trop horrible. Il lui suffisait de suivre la puissance. Il la trouva en face de William, protégeant le petit Saül qui pleurait à ses pieds. Il comprit rapidement ce qu'il s'était passé. Il devait intervenir.

    - Eden ! hurla-t-il en se précipitant vers elle, ignorant le fait que William était là et qu'il découvrirait alors qu'il avait toujours gardé contact avec Eden.

    - Tu peux pas t'en prendre à quelqu'un de ton âge espèce de petite merde ?! lance Eden, où plutôt l'autre elle, qui commençait doucement à prendre le dessus sur elle.

    William a un sourire goguenard,

    - Quelqu'un de mon âge ? Mais je ne vois personne, et de toute façon ce serait moins drôle, dit-il alors que son sourire vacillait sous la puissance qui émanait d'Eden. Qu'est-ce qu'elle était donc cette putain de merlinoise ?  se demanda-t-il.

    Et puis la voix de Samiael sortit de nulle part et le groupe leva les yeux vers lui. Qu'est-ce qu'il foutait là ?

    Eden se figea, elle sembla devenir hésitante, les changements physique en elle vacillant. Saül pleura,

    - Tata.... chouina-t-il en s'agrippant aux jambes de sa tante.

    - Tiens tiens... dit William, qu'est-ce que tu fous Samiael ? demanda-t-il en le fixant méchamment.

     

    Sam ne prit même pas la peine d'accorder un regard à William. S'en prendre à un gamin de l'âge de Saül montrait bien à quel point il était mature. Il se concentra plutôt sur Eden et son état. Elle n'était pas complètement redevenue elle-même, il le voyait bien, mais son autre elle hésitait. Il devait absolument continuer à lui parler.

    - Eden, écoute-moi, lui dit-il en se plaçant à ses côtés, continuant d'ignorer William, qui le regardait d'un œil mauvais.

    Il n'était pas censé parler à Eden. William pensait qu'ils ne s'étaient pas parlé depuis leur enfance. Ils étaient devenus plutôt bons pour se cacher.

    - Eden, calme-toi, je t'en prie. Il n'en vaut pas la peine.

     

    Le regard de la jeune fille croisa celui de Sam et l'Autre se retira complètement, ses yeux redevenant seulement cerclé de violet tout comme ses cheveux blonds argentés ne redevenaient que méchés. Elle cligna des yeux,

    - Sam... dit-elle, de sa voix redevenu douce, Saül...! dit-elle inquiète en entendant son neveu avant de se baisser prenant le bambin dans ses bras, l'inquiétude tordant ses traits.

    - Samiael... lança la voix colérique de William, je croyais qu'on avait passé un marché...

    Sam souffla, laissant toute son inquiétude s'envoler. Eden était redevenue elle-même, le danger était passé. Dans son autre état, elle aurait très bien été capable de tuer William, et quand bien même il le détestait, personne n'avait besoin de ça. Ca n'aurait fait qu'empirer les choses. Déjà que le garçon qu'elle avait gravement blessé enfant à l’entrée du collège, le rendant incapable de bouger le moindre muscle, avait bien failli créer un désastre...

    Sachant Eden en sécurité, il dut finalement faire face à son ennemi de toujours. Il ne pouvait pas y couper. Il ferma les yeux. Depuis l'enfance, il était devenu plus confiant, moins peureux, et aujourd'hui, il se sentait prêt à affronter William. Il savait utiliser ses pouvoirs, maintenant et srutout... Il était chasseur-né.

    - Un marché avec toi ne valait rien pour moi, William. J'ai juste accepté pour protéger tout le monde.

    Son cœur battait rapidement dans sa cage thoracique. Enfin. Après plusieurs années, William apprenait la vérité.

    William plissa les yeux, appelant son pouvoir,

    - Pardon... ? Dit-il froidement, je crois que je n'ai pas très bien entendu... Je pense que tu as oublié qui tu étais bâtard.

    Eden jeta un regard inquiet à Samiael, elle savait que son ami n'était plus sans défense, ils avaient été entraîné par son frère, et elle les avait bien souvent regardé s'entrainer depuis la terrasse en aidant sa mère avec Saül. Mais jusqu’ici jamais il n’avait osé affronter William.

     

    Le petit Saül avait mis son pouce dans sa bouche, les yeux rougis par les larmes. Sa tante avait soigné son genou, il n'avait plus mal et il ne restait que du sang sur son écorchure mais cela ne l'empêchait pas d'être blessé moralement, pourquoi le monsieur l'avait poussé ?

    Sam serra les poings, par reflexe, quand bien même il n'allait pas les utiliser. Au moindre problème, il ferait appel à ses pouvoirs. William ne ferait pas le poids contre lui. Il était un chasseur-né, entraîné par Joachim. William n'était rien.

    - Je sais très bien qui je suis, William. Je suis un chasseur-né, et Eden est mon amie. Et ton avis ne m'intéresse pas. Il ne m'intéresse plus.

     

    William eut un rire,

    - Toi ? Un chasseur-né ? Qui t'as mis ça dans le crâne ? Ta petite pute blonde ? J'espère qu'elle écarte les jambes sans faire d'histoire pour que tu la préfère à ton clan ! lance-t-il.

    Eden fut choquée, son premier réflexe fut de boucher les oreilles de Saül dans ses bras. Elle n'avait pas ce genre de relation avec Samiael, doutait de l'attirer dans ce sens même ! Elle pinça les lèvres, essayant de garder son calme.

    - Elle dit plus rien d'ailleurs, tu l'as bien dressée. Tu nous la prête ? Nous aussi on veut s'amuser, ajoute William avec un rire gras. Il gardait ses pouvoirs prêts. Il savait que le gamin était chasseur né, mais il ne le laisserait jamais devenir le chasseur de son clan, ni son père, il n'était pas un pur morganien ! Il ne comprenait pas que son père ait accepté que Clara se marie avec un moganien pur du clan, l'un des plus anciennes familles donc le père de Samiael, Falan, était l'un des derniers descendants. Mais ils étaient soi-disant "âme-sœur". William n'y croyait pas, le fait était cependant là : Samiael, un être moitié morganiens, moitié Vanek. Il fixa Samiael,

    - Tu ferais mieux de rentrer dans les rangs, tu crois pas que ta famille a été assez déshonorer comme ça ? Ta mère a assez fichu la merde, pas la peine d'en rajouter non ?

     

    Le sang de Sam ne fit qu'un tour. Il était tellement en colère qu'il n'eut pas le temps de se sentir gêné par la remarque sexuelle de son ennemi. Il ne pensait qu'à lui faire fermer sa gueule. Il s'approcha soudainement de William, menaçant, ses pouvoirs prêts à être utilisés.

    - Ma mère n'a jamais fichu la merde, c'est vous et vos règles qui l'avez fait.

    Sa mère avait toujours été gentille. Elle n'avait jamais fait de vagues. Elle avait été reconnaissante d'avoir été acceptée parmi les morganiens, afin de vivre son amour avec l'homme de sa vie. Ce fut les autres, peu enclin à voir une famille pure ne plus l'être, qui avaient créé les problèmes.

    Sam relâcha ses muscles tendus et recula vers Eden. Il n'avait plus envie d'argumenter avec ce connard.

    - Et ne traître plus jamais Eden de pute, tu m'entends ?

    - Sinon quoi ? T'as pas les couilles de faire quoi que ce soit, sinon tu sais très bien ce que mon père te fera... à toi et ta famille, ricana-t-il.

     

    Eden posa sa main libre sur le bras de Samiael, inquiète

    - Sam... commença-t-elle. Se faire insulter elle avait l'habitude, certes, ils ne l'avaient jamais insultée devant Samiael, pas aussi violement tout du moins et cela la remuait plus qu'elle ne le laissait voir mais... Elle ne voulait pas que son ami est plus d'ennuis que nécessaire.

    Sam inspira profondément, laissant la douce voix d'Eden lui parcourir le corps et le calmer. La main sur son bras le serrait légèrement, et son contact lui était agréable. Il n'avait pas besoin de s'attirer des ennuis pour le moment. Les mots de William ne valaient rien. Il ne devait pas céder à la violence. Il valait mieux que ça.

    - Viens Eden, on s'en va, lâcha-t-il sans quitter William des yeux.

    Eden hocha la tête serrant son neveu contre elle et entraînant Samiael avec elle, sans lâcher son poignet. Son cœur battait la chamade.

    La falaise ? demanda-t-elle en pensée à son ami, l'endroit où ils avaient pris l'habitude de se réfugier.

    Il hocha silencieusement la tête. Il finit par ramener son regard vers elle, lâchant William qui continuait de les observer méchamment.

    La falaise, oui. C'était sans doute ce dont il avait besoin en ce moment même.

     

    Eden et lui disparurent du parc. Ils arrivèrent sur la falaise, celle-là même où quelques années plutôt, une des grandes tantes de la jeune fille était morte. Elle serra Saül contre elle, avant de lentement se diriger vers le chemin menant à leur endroit. Celui qui avait abrité leurs jeux enfants, celui où ils se retrouvaient lorsque l'un ou l'autre allaient mal. Elle tenait toujours le poignet de Samiael, comme si elle avait peur qu'il ne change finalement d'avis et parte démonter William.

    L'odeur de l'iode était forte ici,

    - 'a sent le sel tata.

    - C'est l’océan Saül, dit la jeune femme, cela te gêne ?

    Le bambin hocha la tête, son nez trop sensible le grattant face à ces embruns auxquels il n'était pas encore habitué.

    - Cache ton nez contre moi, quand on sera arrivé je ferais en sorte que cela te gène moins d'accord ?

    Le gamin hocha la tête et se cacha contre l'épaule de sa tante, laissant cependant son regard courir sur le paysage autour d'eux. Sam sourit en observant le bambin. Il était encore si innocent, ne comprenant sans doute pas toutes ces querelles d'adultes. Il donnerait tellement pour revenir à un tel niveau d'innocence. Ca lui manquait.

    Mais cet endroit, la falaise, lui rappelait tant de bons souvenirs que le temps d'un instant, rien n'avait d'importance, hormis la main d'Eden autour de son poignet. Ca aurait peut être dû le gêner, elle ne l'avait pas lâché depuis leur départ du parc, mais il le contact de la jeune fille ne le dérangeait pas. Au contraire, il n'en avait jamais assez.

     

    Lorsqu'ils arrivèrent à leur endroit, Eden posa Saül sur le sol, passa sa main devant son visage, apaisant les embruns de l'iode sur le petit nez de son neveu.

    - Tu restes en vue d'accord ? dit-elle à son neveu qui hocha la tête avant de se diriger vers les jouets en bois laisser sur le sol, datant d'une vieille époque. Elle se tourna vers Samiael,

    - Ca va ? demanda-t-elle.

    Il tourna la tête et ses yeux rencontrèrent les siens. Il adorait ses yeux, leur teinte unique que seule elle possédait. Mais il n'osait jamais soutenir le contact. Il avait peur d'être gêné et la mettre mal-à-l'aise.

    - Ca va. C'est juste que... j'ai eu peur pour toi, avoua-t-il sans évoquer l'Autre.

    Il n'aimait pas se remémorer qu'une autre Eden vivait avec son amie, si douce et gentille.

    Eden sourit doucement, baissant les yeux, ses joues se teintant légèrement de roses. Elle était toujours plus touchée lorsque c'était Samiael qui s'inquiétait pour elle.

    - Ca va... Elle.... Elle est en dormance... murmure-t-elle. Elle n'aimait pas parler de l'Autre Elle. Elle avait eu une peur bleue lorsqu'elle l'avait vue rendre tétraplégique un enfant qui avait eu le malheur de les ennuyer. Elle ne savait pas se contrôler correctement à l'époque, ni se protéger correctement et l'Autre prenait facilement le contrôle lorsqu'elle la sentait en danger. Elle inspira,

    - On parle d'autre chose ? demanda-t-elle, espérant pouvoir changer de conversation, elle avait envie de parler de sujet plus léger avec son ami, et puis, surtout elle avait quelque chose à lui demander.

    Il lui sourit, lui envoyant son sourire le plus réconfortant, tandis qu'il frotta le dos de son amie quelques secondes, pour la soulager.

    - Bien sûr, tu veux parler de quoi ?

    - Déjà de toi ! Quoi de neuf ? Ca fait longtemps qu’on ne s’est pas eu. Elle surveillait du coin de l'œil son neveu qui jouait tranquillement.

    Il laissa échapper un petit rire.

    - Franchement, rien de bien intéressant. Ma vie est assez ennuyante quand on ne se voit pas, haha.

    Il essaya de contrôler le rouge qui lui montait aux joues. Il le disait en riant, mais il n'y avait rien de plus vrai. Sans Eden, il ne se sentait jamais au complet. Eden eut un léger rire.

    - Je suis sûr que tu dis des bêtises, dit-elle en le bousculant gentiment. Elle ne se sentait jamais bien sans lui, comme s'il manquait une partie d'elle, mais ça... Elle n'arriverait surement jamais à le lui dire, elle était trop timide et désintéressée pour oser lui dire tout cela, même s'ils se connaissaient depuis longtemps et il était son meilleur ami. Dont elle était amoureuse mais son meilleur ami avant tout.

    - Ca va tes cours ? demanda-t-elle, ils n'étaient plus dans les même classes, n'ayant pas choisit des sections communes même s'ils se retrouvaient parfois dans certains cours de langues.

    - Ca va. Je n'ai pas encore réussi à me faire des amis dans ma classe, mais au moins, ils sont supportables. Et je me démerde niveau notes, donc c'est le principal. Et toi ?

    Eden haussa un peu les épaules,

    - C'est... compliqué ? Dit-elle en se mordillant la lèvre, les filles sont... superficielles pour la plupart et les garçons... Vu la section j'en ai peux mais... Ils ne tournent pas ronds non plus soupira-t-elle, j'espère que ça ira mieux mais pour l'instant personne ne s'est tourné vers moi et... tu me connais dit-elle avec un nouvel haussement d'épaules. Niveau note ça va, on ne peut pas dire que j'ai beaucoup de distraction du coup, je m'en sors... Enfin quand Saül ne vient pas mettre son nez dans ma trousse, rit-elle.

    Il se mit à rire également et lui adressa un sourire.

    - T'inquiète pas, je suis sûre que tu trouveras des amis. Tu es une personne super, les gens ne pourront pas passer à côté de toi très longtemps.

    Il avait envie de lui dire que ce jour-là, il serait jaloux, mais il n'osa pas.

    Eden éclata franchement de rire,

    - Ce jour-là les cochons auront des ailes, je suis trop bizarre même pour eux, je pense... ou trop normale je ne sais pas, dit-elle en pensant à l'apparence de certains dans sa classe, et puis tant que toi tu es là... les autres m'importent peu, déclara-t-elle en essayant de ne pas rougir, sans succès. Enfin j'ai quelque chose à te demander, dit-elle, mon frère se marie dans 15 jours, et je voulais savoir si tu voulais y assister, ta famille est convié aussi, ajouta-t-elle changeant de sujet dans l'espoir de masquer sa gène. Elle ne précisa pas lequel de ses frères se mariaient... du fait qu'il ne lui en restait qu'un.

    Il ne comprenait sincèrement pas comment des gens pouvaient côtoyer Eden tous les jours sans s'imaginer la chance qu'ils avaient. Mais peut-être qu'il n'était plus très objectif à ce sujet, vu comme il était proche d'elle.

    - Joachim se marie ?

    Il avait été son entraîneur pendant de longues années, et malgré leur grande différence d'âge, ils étaient plus ou moins devenus amis.

    - Bien sûr que je veux ! Mes parents, je ne sais pas trop, ils ont beaucoup de prévu, mais je peux toujours leur demander !

    - Oui ! dit-elle avec un sourire sincère aux lèvres, avec Lucy, tu sais, celle qui avait une leucémie, elle a été déclarée complètement guérie il y a un an ou deux maintenant, dit-elle. Tu me diras pour tes parents, ma famille serait contente de les revoir. Etonnamment, leur deux familles s'entendaient bien, surtout lorsque Joachim avait pris en charge l'entraînement de Samiael, cela avaient semblé beaucoup les rassurer. Elle sourit,

    - Maman et papa sont complètement retournés, tu les verrais, dit-elle en riant, mais son visage se teinta soudain de mélancolie, Ruben me manque beaucoup... murmure-t-elle. Cela faisait cinq ans et demi que son grand frère était mort, cela avait beaucoup changé Joachim, mais aussi Eden qui s'était beaucoup plus renfermé et serrait surement devenu complètement solitaire si elle n'avait pas eu Samiael et sa famille.

     

    La bouche de Sam se tordit face à la tristesse soudaine de sa meilleure amie et il la prit dans ses bras. Il savait que la mort de son frère l'avait énormément affectée et se faisait un devoir de la consoler au mieux. Eden se laissa aller contre lui, la gorge serrée. Elle se rendait régulièrement sur la tombe de son frère, incapable de tourner complètement la page, d'oublier son grand-frère. Certes, elle avait une relation tout aussi proche avec Joachim mais... ce n'était pas pareil. Elle inspira,

    - Il... manque tellement de chose... son fils... tellement... murmure-t-elle, son regard bleu soudainement mélancolique, elle inspira. Elle ne voulait pas parler de ça devant le petit, il posait déjà trop de questions sur où était sa mère. Elle était partie il y a six mois maintenant, mais Saül posait souvent des questions sur sa mère. Où elle était ? Que faisait-elle ? Et personnes ne savaient comment lui répondre mais depuis quelques jours, il causait moins souvent d'elle mais demandait souvent à voir les photos de Ruben, comme s'il voulait connaître son papa. Cela perturbait souvent Beth et Eden qui avaient bien du mal à ne pas pleurer en lui en parlant.

     

    Samiaël ne savait pas quoi lui dire, alors il continua de la serrer dans ses bras. Il caressa lentement ses cheveux, les sentait. Elle sentait toujours bon, Eden. Il adorait son parfum.

    Puis il mit fin à leur embrassade, lui sourit, et lui dit :

    - Ca va aller, ne t'inquiète pas.

    Eden lui rendit son sourire essuyant ses yeux, mine de rien l'étreinte de Samiael lui avait fait du bien, beaucoup de bien. La chaleur qu'il dégageait, son odeur, elle inspira.

    - Merci... murmura-t-elle, elle regarda l'heure, je vais devoir rentrée, le petit doit prendre son bain... Tu veux passer un peu à la maison ? lui proposa-t-elle.

    Il jeta un coup d'œil au petit qui s'amusait tout seul un peu plus loin et acquiesça.

    - Je ne resterai pas longtemps, mais oui, pourquoi pas, dit-il.

    Eden sourit plus largement, elle n'avait pas envie de quitter son ami et était donc heureuse qu’il vienne chez elle. Elle appela son neveu pour leur dire qu'il rentrait et le bambin se leva,

    - Voir mamie ?

    - Oui, et prendre le bain

    - Maiiiis... bougonna-t-il en laissant cependant sa tante le soulever. Comme beaucoup de petits loups, il n’aimait pas trop l’eau, cela changerait surement en grandissant. Elle regarda Sam, lui tendant sa main libre, elle avait encore besoin d'un contact physique pour téléporter tout le monde.

    Sam savait qu'Eden lui tendait la main uniquement pour la téléportation, mais il ne pouvait s'empêcher de penser que peut-être, c'était parce qu'elle voulait prendre la sienne également. Qu'elle voulait entrelacer ses doigts avec les siens à lui. Il s'imaginait beaucoup trop de choses.

    Il attrapa sa main.

    Eden serra la main de Samiael, son cœur battant plus fort mais elle ne laissa pas le temps à son ami de se rendre compte de l'effet que lui faisait ce contact et les téléporta chez elle.

     

    - Mamiiiie ! S'écria le petit Saül en voyant sa grand-mère. Beth fit un sourire en entendant son petit-fils et leva les yeux du piano auquel elle était assise et s'arrêta de jouer, ses cheveux blonds s'échappant de sa queue de cheval, elle approchait de la cinquantaine mais semblait à peine en faire quarante.

    - Bonjour les enfants, dit-elle en voyant qu'Eden ne rentrait une nouvelle fois pas seule. Elle s'attendait toujours à la voir rentrée avec Samiael. Les Myrdyr avait facilement accueillit le garçon, ils se tenaient loin des querelles qui opposaient les deux clans, et peu leur importaient les origines du jeune homme : il était l'ami d'Eden et ils l’appréciaient.

    - Comment vas-tu Samiael ? demanda-t-elle en se levant pour venir les saluer mais surtout récupérer le petit Saül qui devenait intenable entre les bras d'Eden.

     

    Sam sourit. Il aimait passer du temps dans cette maison, où il était toujours bien accueilli. Il aimait être dans un endroit exempt de toutes querelles entre clans. Ca faisait du bien, des gens qui s'en fichaient.

    - Bien, et vous ? répondit-il simplement.

    Eden relâcha la main de Samiael à regret pour donner son neveu à sa mère,

    - Très bien, et je croyais que nous étions tomber d'accord sur le fait que tu me tutoyais, dit Beth avec un grand sourire, si vous voulez boire un peu, il y a de la citronnade et je ne sais quoi d'autre dans le frigo, je vais donner son bain à Saül, ajouta-t-elle avant de prendre la direction de l'étage.

    Eden sourit, et regarda Samiael, attendant de savoir s'il voulait boire quelque chose.

    Sam tourna son regard vers celui de son amie, et haussa les épaules.

    - Je crois que je n'arriverais jamais à la tutoyer. Sinon, je veux bien de la citronnade, ajouta-t-il d'un ton des plus nonchalants.

    Eden eut un rire,

    - Tu connais ma mère..., dit-elle avant d'aller dans le frigo et de les servir, tu veux manger un truc ?

    - Merci, dit-il en recevant son verre citronné. Et non merci, ça ira, je n'ai pas très faim.

    Il but une gorgée et grimaça légèrement. Un peu trop citronnée à son goût. Eden but son verre et vit à la grimace de Sam que c'était trop acide pour lui,

    - Sucre ? lui proposa-t-elle.

    - Oh, euh, c'est très bon, hein, mais je n'aime pas trop quand c'est acide, et...

    Il remarqua le regard d'Eden. Il essayait encore de se justifier alors qu'on lui posait une simple question. Il se tut immédiatement et répondit :

    - Oui, un peu de sucre serait parfait, merci

    Eden était amusée, même si elle tenta de ne rien montrer à Sam

    - Tu sais que tu n'as pas à te justifier... Je te connais un minimum, ma mère à tendance à l'aimer fort en citron du coup... C'est pas évident, rit-elle en lui donnant le sucre, effleurant ses doigts. Elle semblait plus sereine chez elle, même si la tristesse se lisait toujours dans ses yeux bien cachée.

    Sam tenta d'ignorer les doigts de la jeune fille qui effleuraient les siens. Elle avait de si beaux doigts, Eden. Longs et élégants. Il s'empara du sucre et lui rendit son sourire.

    - Je sais, mais je ne peux pas m'en empêcher. Je ne veux pas paraître impoli.

    - Tu sais, tu fais comme partie de la famille depuis le temps, et puis c'est pas avec moi que tu paraîtras impoli, dit-elle avec sourire léger.

    Sam ne répondit rien, se contenta de rire légèrement, tout en évitant de croiser le regard de son amie. Ses yeux l'envoutaient toujours. Mais son sourire, il l'envoutait tout autant. Même s'il savait que derrière ce sourire se cachait sa tristesse, il ne pouvait le trouver que beau.

    - Ah, c'est meilleur ainsi ! s'exclama-t-il en prenant une gorgée de sa citronnade désormais sucrée.

     

    Les yeux d'Eden pétillèrent, rire qui ne franchissait pas ses lèvres alors qu'elle buvait à son tour une gorgée de sa boisson en se hissant sur le plan de travail. Elle n'arrivait pas à rester sans bouger, ses jambes se mirent à battre en rythme un air qu'elle seule entendait tout en regardant Samiael. Elle l'observa, se retenant de laisser glisser ses doigts dans les cheveux de son ami.

    - Dis, demain soir après les cours, tu veux aller à la patinoire avec moi ? s'entendit-elle demander. La jeune fille pratiquait ce sport depuis quelques années, c'était l'une des rares activités qu'elle avait gardé: d'une part, parce qu'elle adorait ça, et d'autre part parce que c'est son grand-frère qui lui avait appris, et puis elle avait demandé à être inscrite en club, elle n'était pas en reste, plutôt douée, elle se classait dans les dix premières en championnat nationale. La danse sur glace la libérait de sa timidité maladive, elle oubliait tout. Et puis elle aimait bien patiner avec Samiael aussi, c'était toujours de bon moment.

    - J'aimerais bien te montrer mon nouveau programme, que tu me dises ce que tu en penses... enfin si ça te gêne pas... dit-elle en rougissant légèrement.

    Si Eden était bonne patineuse, ce n'était pas le cas de Sam. Ca l'amusait, et il allait parfois à la patinoire pour accompagner la jeune fille, mais il n'était clairement pas fait pour ça. Mais face à visage illuminé d'Eden, face au bonheur qu'elle éprouvait sur des patins, il ne pouvait jamais lui dire non.

    - Bien sûr !

    En plus de ça, il aimait beaucoup la voir patiner. Elle était d'une élégance rare, à couper le souffle.

    - Merci...! souffla-t-elle la voix déformée par son excitation contenue, elle avait toujours de la retenue Eden, même avec ses plus proches amis, elle avait toujours peur que son pouvoir échappe à son contrôle. Elle posa le verre vide sur le plan de travail à côté d'elle.

    - Et toi ? Tu as décidé de reprendre du sport ou pas ? demanda-t-elle un peu curieuse.

    - Pas vraiment, ce n'est pas trop pour moi le sport, tu sais ?

    Il avait essayé beaucoup de sports différents, en vérité, mais jamais il n'avait réussi à être passionné par l'un d'entre eux. Et généralement, il n'arrivait pas à atteindre un niveau satisfaisant. Alors il finissait par arrêter,

    - Je vois, t'es pas obligé d'en faire si tu trouves rien qui te plait, y'a d'autres choses qui peuvent te passionner, regarde ma mère et mon père c'est la musique, mon frère c'est son métier, Lucy les enfants, Saül c'est dessiner et dormir, rit-elle, on est tous différents ajoute-t-elle en se laissant agilement tomber à bas du meuble.

    - Faut encore trouver ce qui me passionne... souffla-t-il doucement.

     

    Sam n'avait pas vraiment de passion à proprement parlé. Il essayait un peu de tout, mais rien ne lui venait naturellement, comme ça pouvait le faire avec les autres. Il lui semblait que rien ne le faisait vibrer. Il y avait une seule chose qu'il aimait vraiment, c'était rendre et voir Eden heureuse.

    Eden le regarda, Samiael avait essayé plein de chose parfois avec elle, parfois avec sa famille ou même seul, mais elle ne l'avait jamais entendue lui parler de quelque chose qui l'intéressait vraiment, elle lui parlait souvent du patin lorsqu'elle revenait de ses entrainements ou même des dernières bêtises de Saül.

    - Qu'est-ce que tu fais naturellement lorsque tu as du temps pour toi ? lui demanda-t-elle. Il y a forcément quelque chose qui va te plaire,  il suffit de le laisser venir à toi, dit-elle en haussant nonchalamment les épaules.

    - Eh bah, je...

    Il jouait aux jeux vidéo ou lisait des livres sur l'alchimie. Il trouvait cette discipline intéressante, mais jamais il n'avait essayé, ce n'était pas quelque chose de simple, et il était presque sûr qu'en commençant, il finirait par abandonner, comme tout ce qu'il avait essayé auparavant. Mais peut-être que c'était ça, sa passion, qui n'attendait que lui.

    - Je joue aux jeux vidéo, se contenta-t-il néanmoins de répondre.

    - Ah ? Tu joues à quoi ? demanda Eden curieuse, elle avait le pressentiment qu'il avait pensé à autre chose mais elle ne le questionna pas dessus, parfois ces dons l’agaçaient, ils lui permettaient de savoir beaucoup de choses, quand on lui mentait  ou ne lui disait pas tout entre autre, ce qui était assez ennuyeux, surtout si la personne ne souhaitait pas parler pour le moment.

    - Classique, les RPG, Skyrim, Zelda, the Witcher... Ca occupe pas mal d'heures, c'est pratique, répondit-il tout simplement, même s'il ne pensait qu'Eden sache de quoi il parlait

    - Je vois, j'ai bien aimé the Witcher, dit la jeune femme, et le dernier Zelda aussi ! Skyrim j'ai moins accroché, dit-elle en haussant les épaules, j'avais bien aimé Black Desert Online mais ça prenait trop de temps j'ai laissé tomber assez rapidement, dit-elle en attrapant la cruche, je te ressers ? demanda-t-elle.

    Sam leva son verre vers la jeune fille, en hochant la tête rapidement.

    - Je veux bien, oui !

    Eden sourit et resservit Sam avant de lui rapprocher le sucre. Elle tourna la tête,

    - Salut papa ! dit la blonde en voyant son père rentrer.

    - Bonjour Eden, oh bonjour Sam, tu vas bien ? lui demanda Ulysse en s'approchant pour serrer la main du jeune homme. Sam lui serra la main en retour, en hochant la tête, en réponse à sa question, qu'il accompagna d'un faible

    - Oui, très bien. Puis il ajouta : Et vous ?

    - Très bien, dans le rush avec la préparation du mariage de Joachim... Eden t'as lancé l'invitation d'ailleurs ? demanda le blond.

    - Oui, je pense venir mais je vais voir avec mes parents s’ils peuvent, je confirmerais à Eden.

    - Super ! Bon je vous laisse, j’ai encore quelque coups de fils à passer par rapport à la salle des fêtes.

     

    Eden sourit. Elle avait vraiment hâte de voir ce mariage, depuis le temps que Lucy et son frère étaient ensemble… En soit, c’était simplement une officialisation aux yeux des lois humaines, depuis environ deux ans maintenant, leur imprégnation avait eu lieu. Âme-sœur depuis toujours, avec l’imprégnation, aucun de pouvait survivre sans l’autre, ils ressentaient tout de l’autre, c’était une connexion psychique, physique… elle dépassait l’entendement. Secrètement, elle espérait trouver son âme-sœur et espérait de toute son âme que cette dernière soit Samiael. Elle en avait parlé à Joachim qui lui avait dit qu’elle saurait si c’était lui, lui expliquant ce qui pouvait l’aider à le déterminer… Elle en présentait tous les symptômes mais… Est-ce le cas Samiael ?

    La fin de journée approchait à grand pas et l’heure vint pour le jeune homme de rentrer. Il salua son amie avant de la laisser à contre cœur, s’éloigner d’elle lui faisait toujours comme un déchirement.

    « 180: 182 »

  • Commentaires

    1
    Jeudi 19 Décembre 2019 à 19:28

    William c'est tellement un connard

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